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Miroir, ô miroir…

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Jeudi, 30 Janvier, 2014 - 06:00

Dans le somptueux décor alpin de Davos, le World Economic Forum (WEF) projette chaque année l’idée que le monde vient à la Suisse. Le vol des hélicoptères qui amènent les chefs d’Etat et les top managers, le cortège des limousines peuvent faire croire à l’immense influence de la Confédération sur le destin de la planète. Ce fut encore le cas la semaine passée. Ont défilé sur la grande scène du Centre des congrès le président iranien Hassan Rohani, le premier ministre du Japon Shinzo Abe, l’Américain John Kerry, bien décidé à se positionner comme celui qui réglera le conflit israélo-palestinien, David Cameron, Dilma Rousseff…

Presque à chaque fois, Didier Burkhalter ou un autre membre du Conseil fédéral a posé pour la photo, renforçant cette impression que notre gouvernement joue dans la ligue des grands. Miroir, ô miroir…

Le reflet est en effet trompeur. Après avoir sous-estimé l’importance du World Economic Forum pendant des années, la Suisse politique en fait désormais un usage massif. Elle qui n’est membre ni du G20 ni de l’Union européenne, elle qui a certes rejoint l’ONU mais qui n’a pas de siège au Conseil de sécurité doit continuellement et laborieusement compenser cette absence. Travailler aux défaillances de ses réseaux. Le grand cirque du WEF est utile. Il renforce le rôle de notre pays comme plate-forme diplomatique et hôtelière. Ce serait une illusion toutefois de penser qu’il est un substitut à une présence dans les vrais lieux du pouvoir mondial.

Vous me direz que c’est l’évidence. Mais pas tant que ça: la Suisse continue de nourrir une sorte de déni de réalité sur son importance réelle. Dans ses relations avec l’Europe, par exemple. Comme le disait en aparté et après deux verres de vin un haut dirigeant européen, lors du même Forum de Davos, les politiques, les milieux économiques comme une bonne partie de la population helvétique pensent que, au plus haut niveau, la Commission européenne passe son temps à s’occuper de la Suisse. Or, la Commission n’en parle JAMAIS. Elle a d’autres chats à fouetter. Par exemple la négociation du traité de libre-échange avec les Etats-Unis. Ou la situation en Ukraine, qui menace de salement déraper. On laisse le casse-tête helvétique aux deuxièmes couteaux, conclut ce même dirigeant européen.

Peut-être est-ce la mauvaise semaine pour souligner les rapports de force si asymétriques entre la Confédération et l’Union européenne – sans oublier les Etats-Unis. La conférence sur la Syrie marque en effet un retour de la Suisse sur la scène mondiale. Et le ministre des Affaires étrangères et président Didier Burkhalter fait partie de ceux qui sont convaincus de l’importance de la Genève internationale pour le pays. A juste titre puisque s’y prennent des décisions qui conditionnent l’avenir du commerce mondial avec l’OMC, de la santé avec l’OMS… Mais regardons les choses en face: quand il s’agit de défendre les intérêts purs et durs de la Suisse, ce n’est ni à Davos ni à Genève que se joue la partie.


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