La Fed a publié le texte intégral de ses débats en 2008. Elle lève ainsi le voile sur les difficultés des responsables de la banque centrale américaine à saisir l'ampleur de la crise financière pendant cette année noire.
Ces centaines de pages, que la Réserve Fédérale publie traditionnellement après un délai de cinq ans, révèlent l'intensité des inquiétudes et tergiversations des responsables de la banque centrale face une crise historique.
En janvier, alors que les banques accumulent les pertes liées aux prêts immobiliers à risques, le président Ben Bernanke s'excuse de convier ses confrères à une réunion d'urgence du Comité de politique monétaire (FOMC) alors que c'est un jour férié. La Fed réduit de trois quarts de point son taux directeur ce jour-là, sa plus forte réduction depuis 20 ans.
Deux semaines auparavant, lors d'une précédente réunion, Janet Yellen - alors présidente de la Fed de San Francisco - hésitait encore à réduire les taux d'un demi-point, pensant "qu'on pourrait prendre cela pour un signe de panique". Mais à la réunion d'urgence, elle affirme "soutenir pleinement une réduction de 0,75".
"Il y a une probabilité intolérable de récession sévère et de crise du crédit", affirme la future présidente de la Fed.
Mais en mars, la situation empire avec la chute de la banque Bear Stearns. "Je crois qu'on arrive au point où les outils de la Fed (...) ne sont pas suffisants pour régler nos problèmes", suggère Ben Bernanke, affirmant que "davantage d'aide et d'action de la part du Congrès et de l'administration sur le secteur immobilier seraient bienvenus".
Au printemps, après avoir encore réduit les taux d'un modeste quart de point, la Fed veut croire à un répit. Mme Yellen espère encore une croissance du PIB américain de 0,75% pour 2008, mais la première économie mondiale sombrera dans la récession jusqu'en juin 2009.
La banque Lehman Brothers s'effondre et l'assureur AIG fait quasiment faillite à l'automne. "A la veille d'Halloween, nos informations sortent de la marmite de la sorcière", essaye de plaisanter Janet Yellen à la réunion du 29 octobre. "La trajectoire des données économiques est à faire dresser les cheveux sur la tête".
"Il est désormais clair qu'on est au centre d'un sérieux effondrement mondial", conclut-elle. Deux mois plus tard, les taux sont ramenés à zéro. Ils y sont toujours.
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