Les banquiers d’UBS qui ont aidé les riches Français à frauder le fisc ne peuvent plus aller voir leur tante en Bourgogne voisine ou y passer le week-end dans leur château. Ils tremblent à l’idée d’être rattrapés par la justice française ou les efficaces services secrets parisiens.
La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, quant à elle, a dû faire une fois encore le voyage de Washington. Pour sauver Credit Suisse d’un naufrage annoncé. Les gouvernants éprouvent moins de compassion pour les autres fils et filles de la patrie. Les CFF et l’armée possèdent dans tout le pays une quantité de terrains inutilisés. Ils pourraient sans peine les mettre à disposition des Yéniches en guise d’aires de stationnement. En souvenir des crimes perpétrés contre ce peuple. Or, comme des lépreux, on les chasse d’un lieu à l’autre avec leurs caravanes.
En Suisse, nous ne sommes pas tous égaux devant la loi. Les riches et les superriches étrangers paient moins d’impôts que les riches et super-riches suisses. Le forfait fiscal est une forme particulièrement raffinée de soustraction d’impôt. On s’établit en Suisse pour la forme, on n’a prétendument aucune activité et cela suffit pour qu’on soit taxé sur la base d’une dépense fictive, à la manière d’un oligarque. C’est ainsi que les 180 superriches de Gstaad imposés au forfait ne paient en impôt que le montant risible de 4 millions de francs.
Naguère, les partis bourgeois défendaient en chœur le secret pour les fraudeurs fiscaux. De nos jours, nul ne veut plus se voir rappeler ce passé récent. La falsification de l’histoire est en pleine concrétisation avec le soutien de la télévision suisse alémanique. La Suisse politique tire peu ou pas de leçons de son histoire. C’est pourquoi, cette semaine à Berne, les partis bourgeois défendent une version légèrement modifiée de l’impôt forfaitaire.
L’Italie, la France et l’Allemagne se manifesteront tôt ou tard (plutôt tôt) en brandissant des CD énumérant tous les bénéficiaires de l’imposition au forfait. Les administrations fiscales glisseront discrètement les noms des intéressés à des médias amis. Puis, à l’instar du secret pour le fraudeur fiscal, c’en sera rapidement fait de l’arnaque de l’impôt forfaitaire.
Pourquoi? Parce que, ces dernières décennies, les impôts des riches et des superriches ont été réduits dans le monde entier. C’est bien pourquoi leurs revenus et leur fortune ne cessent d’augmenter. A l’inverse, les Etats se saignent à blanc. Et alors ils ne supportent plus les fraudeurs fiscaux et les évadés fiscaux qui ne veulent même plus assumer une charge fiscale devenue minime grâce à la Suisse.
Il n’est pas question uniquement de la lutte du travail contre le capital mais de la lutte du capital imposé contre le capital échappant à l’impôt. C’est pourquoi la deuxième bombe est déjà amorcée.
