Dix jours après l'euphorie suscitée par les débuts du chinois Alibaba à Wall Street, le challenger allemand du commerce en ligne Zalando a été accueilli fraîchement à la Bourse de Francfort mercredi. L'action a débuté à 24,10 euros, 12% au-dessus du prix d'émission fixé lundi. Mais elle a immédiatement décroché, et a terminé la séance à 21,50 euros, soit exactement le prix d'émission.
Ses premiers pas décevants sur le marché sonnent comme un avertissement pour son grand frère Rocket Internet. L'incubateur de start-ups, financé par les mêmes actionnaires, est attendu jeudi pour son propre baptême boursier.
Pour Zalando, ni le raz-de-marée Alibaba, ni son statut d'étoile montante du commerce en ligne allemand n'ont suffi à lui assurer les faveurs des salles de marché. Le site a toutefois rempli ses objectifs, en levant 605 millions d'euros (730 millions de francs).
"C'est naturellement décevant. (...) Il y a beaucoup plus de voix critiques (chez les investisseurs) que ce qu'on aurait pu attendre", résume Oliver Roth, analyste du courtier Close Brothers Seydler. "Les attentes étaient bien plus hautes" rappelle-t-il. L'activité de Zalando sur le marché gris, où s'échangent fictivement un titre avant qu'il soit réellement coté, suggérait un potentiel de hausse à 27 ou 28 euros dès le premier jour, selon plusieurs analystes.
Créé en 2009 à Berlin, Zalando a séduit l'Europe grâce à un concept simplissime, emprunté à un site américain. Dans désormais 15 pays européens, les clients peuvent s'offrir en quelques clics les vêtements, sacs et accessoires de quelques 1500 marques. Le pantalon commandé est trop grand, les chaussures moins séduisantes qu'en photo? Retour gratuit à l'envoyeur et remboursement immédiat.
Si les clients en redemandent, les investisseurs restent eux plus circonspects. "D'abord, parce que Zalando ne gagne pas encore d'argent. Ensuite, parce qu'ils ont un facteur coût important, à cause de ces retours", explique Oliver Roth.
Avant de se lancer sur le marché, l'allemand avait pourtant présenté en grande pompe fin août un premier bénéfice d'exploitation semestriel, de 12 millions d'euros.
"Zalando maîtrise de mieux en mieux son socle de croissance", mais il "devra tirer les leçons des mésaventures de son concurrent britannique Asos", pointe Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.
