Le Gothard est un mythe, un mythe suisse alémanique. Le tunnel de base à une voie du Lötschberg est en service sans problème depuis huit ans. Ce n’est qu’en 2017 que les premiers trains emprunteront le plus long tunnel ferroviaire du monde, celui du Gothard, à deux voies. Au total, les contribuables suisses investiront 10 milliards de francs dans le chemin de fer du Gothard sans qu’ensuite la connexion avec l’agglomération milanaise ne fonctionne.
Ce n’est pas tout: le lobby routier entend maintenant réaliser une autoroute à quatre pistes entre Göschenen et Airolo. Un coup de canif manifeste dans la protection des Alpes, ancrée dans la Constitution. Les hypocrites nous promettent que seules deux de ces quatre pistes seront utilisées pour le trafic routier. Ceux qui y croient n’auront à s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Les avocats de l’environnement et de la protection des Alpes empoignent le référendum. Pour eux, les trains-autos peuvent assumer la tâche de la route pendant les travaux de remise en état du tunnel routier.
Si, au volant de ma voiture, je roule de Brigue vers l’Allemagne, je peux choisir entre l’autoroute qui passe par Châtel-Saint-Denis ou le train-autos par l’ancien tunnel ferroviaire, de Goppenstein à Kandersteg. Comme 1,3 million d’automobilistes, je choisis le train-autos, même si le passage me coûte jusqu’à 28 francs et en dépit du fait que le matériel roulant et les standards de sécurité sont d’un autre âge, comparés aux nouveaux trains-autos du Gothard.
Le matériel roulant des trains-autos du Simplon qui relient Brigue à Iselle est encore plus vieux. Ceux qui roulent de Lausanne vers le lac Majeur peuvent emprunter soit le col du Simplon, soit le train-autos. Le rail et la route sont en concurrence. On voit toujours plus d’automobilistes opter pour le train-autos et toujours moins recourir à la route du col, pourtant bien aménagée.
Les gros bouchons du trafic routier ne se produisent pas au Gothard, mais entre Lausanne et Genève et dans l’agglomération zurichoise. On ne peut dépenser un franc qu’une fois: soit entre Göschenen et Airolo, soit entre Lausanne et Genève. La Suisse romande affronte un test d’intelligence.
Consolation: le peuple décide démocratiquement. Comme ci ou comme ça. De manière sensée, comme pour l’initiative sur l’immigration de masse.
