Les banquiers en parlent depuis des années. Exclue – temporairement? – du marché européen de la gestion de fortune déclarée, la Suisse devrait viser plus haut et, surtout, beaucoup plus loin, en offrant à la Chine une place de négoce pour sa devise, le renminbi, aussi appelé yuan.
Le 4 juin, le Conseil national a adopté une motion en faveur de «l’intensification des relations commerciales et monétaires» avec la Chine. Le groupe libéral-radical a aussitôt salué cette décision «qu’il était urgent de prendre».
La formule est un euphémisme. En effet, depuis le temps qu’ils en parlent, le rêve des banquiers leur est déjà passé sous le nez. D’autres ont été plus rapides et efficaces. Devinez qui? Le Luxembourg, bien sûr, qui s’est fait une spécialité de tailler des croupières à la place helvétique.
Plutôt que d’en parler, le grand-duché est passé aux actes. En mai, la Bank of China, qui avait renoncé à s’installer en Suisse l’an dernier, a procédé à sa toute première émission obligataire libellée en renminbis en dehors de la Chine… depuis le Luxembourg. Ce n’est qu’un début: depuis, deux autres grandes banques chinoises s’y sont installées à leur tour. Les dépôts y sont en forte croissance, avec plus de 250 milliards d’euros sous gestion en renminbis. Pendant ce temps, à Berne…
