Les principaux instituts de conjoncture allemands ont dépeint à leur tour jeudi un tableau assombri de la première économie européenne, de mauvais augure pour toute la région. Ils ont au passage ajouté leur voix au concert des appels à Berlin à investir davantage.
Le gouvernement allemand, pour l'heure, n'a pas dévié d'une ligne devenue habituelle: il "réfléchit au moyen de rendre possibles des investissements supplémentaires", a signalé la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse, par exemple en allégeant les procédures bureaucratiques.
Pour Berlin, si stimulation de l'investissement il y a, c'est sur l'investissement privé qu'il doit porter. Le message est répété sur tous les tons ces dernières semaines: la priorité de la chancelière, c'est l'équilibre du budget fédéral l'an prochain, pour la première fois depuis 1969.
Dans sa coalition droite-gauche, même les sociaux-démocrates, pourtant théoriquement plus ouverts à des politiques de relance, adhèrent à cet objectif.
Mais pour les instituts de conjoncture, le "zéro (déficit) pointé" est "un objet de prestige qui ne fait pas forcément sens économiquement", a estimé devant la presse Ferdinand Fichtner, économiste du DIW berlinois, l'un des quatre instituts qui publient deux fois par an un rapport commun sur l'état de l'économie.
"Le gouvernement n'utilise pas assez ses marges de manoeuvre financières à des fins d'investissement", a-t-il déploré. Les experts exhortent Berlin à "augmenter les dépenses de la puissance publique dans les domaines qui ont le potentiel de contribuer à la croissance" - les infrastructures, la recherche et l'éducation.
Le Fonds monétaire international (FMI) est coutumier de ces préconisations, qui commencent aussi à faire leur chemin chez les économistes allemands et timidement dans les milieux économiques. Certains partenaires de Berlin - Paris et Rome en tête - lancent de longue date des appels dans la même direction, rejoints depuis peu par la Banque centrale européenne (BCE).
Dans l'intérêt d'une zone euro engluée dans la crise, "les pays qui ont des marges budgétaires devraient utiliser les marges qu'ils ont", a plaidé la semaine dernière le président de la BCE Mario Draghi.
