Ceux qui Rêvaient de voir un jour Marcel Ospel derrière les barreaux de Rickers Island ou enfermé dans les geôles bernoises seront déçus. L’acquittement de l’ancien numéro trois d’UBS Raoul Weil semble montrer une fois encore que, dans ce genre d’affaire, les têtes dirigeantes sont épargnées, selon le bon principe qu’elles ne savaient pas et que seuls les seconds couteaux sont responsables. Foutaises: les patrons de la banque ont cautionné et organisé un véritable modèle d’affaires et, si ce ne sont pas eux qui portaient les valises bourrées de billets ou les tubes de dentifrice remplis de diamants, il est difficile d’imaginer qu’ils demeuraient dans l’ignorance.
L’histoire du secret bancaire est donc loin d’être terminée. On ne peut pas exclure qu’un autre banquier se fasse pincer. Et qu’il ait cette fois moins de chance. Chaque procès est un cas particulier: en Floride, le procureur s’est en l’occurrence révélé plutôt mauvais et la défense, par contraste, extrêmement performante. Une véritable machine, dotée de moyens à la hauteur de l’enjeu. Pas dit que le scénario se répéterait si une nouvelle affaire se présentait.
Les banques suisses, elles, ne sont pas encore sorties d’affaire. Les plus impliquées négocient les amendes qui devraient les libérer. Mais plus d’une centaine restent l’objet d’enquêtes. On ne peut pas exclure qu’émergent des documents compromettants dans le cadre d’un nouveau WikiLeaks. La probabilité pour les banquiers de clients américains de se faire arrêter lors de vacances en Californie ou à New York a toutefois fortement diminué.
Ceux qui espéraient qu’un procès cathartique permettrait de faire la lumière sur les excès et les dérives du secret bancaire doivent se faire une raison. Il n’a pas eu lieu aux Etats-Unis, en tout cas pas pour l’instant, et il est difficile d’imaginer qu’il se tienne en Suisse. Ce qui ne doit pas inhiber les efforts consentis pour éclairer cette page chahutée de notre histoire récente.
C’est un suicide, pas un meurtre, argumente l’économiste vaudois Jean-Christian Lambelet dans un ouvrage qui vient de paraître. Il pointe du doigt la «génération Ospel», coupable, selon lui, du dévoiement du secret bancaire (lire l'interview d'Yves Genier).
Journaliste à L’Hebdo, Yves Genier sort, lui, dans quelques jours un livre qui tente d’expliquer la fin du secret bancaire: les ressorts de la résistance aux pressions extérieures, ceux de l’abdication. Une première. Mais les pages d’ombre restent encore nombreuses (lire son interview en page 26).
Instituer une sorte de commission Bergier sur le secret bancaire? Ou une commission d’enquête parlementaire, comme celle qui a suivi l’affaire des fiches? Pour pouvoir tourner la page, il faudra bien comprendre un jour comment un pays entier a été pris en otage.
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