Les négociations salariales du secteur principal de la construction sont enterrées. Les entrepreneurs suisses ont décidé à l'unanimité la rupture définitive des discussions avec les syndicats.
Les délégués de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ne reprendront plus les négociations avec les syndicats Unia et Syna, a indiqué l'organisation jeudi dans un communiqué. Elles avaient été suspendues il y a un mois.
La SSE critique les méthodes d'Unia et lui attribue l'échec des discussions. Elle déplore les actions "perturbatrices" du syndicat sur les chantiers de membres de la SSE depuis la mi-septembre, qui "violent intentionnellement la paix absolue du travail".
Mercredi, le syndicat a mené une action à Lucerne, où se tenait l'assemblée des délégués de la SSE pour demander la reprise des négociations. En vain. Les entrepreneurs reprochent aussi à Unia d'exercer un contrôle unilatéral sur les entreprises par l'intermédiaire de sa "section analyse des risques". Pour eux, il s'agit d'un abus qui porte atteinte au partenariat social.
Unia rejette ces accusations. "C'est une gifle retentissante contre tous les travailleurs", a déclaré à l'ats Nico Lutz, chef du secteur construction auprès du syndicat Unia. Cette attitude est irrespectueuse et porte préjudice aux membres de la SSE eux-mêmes ainsi qu'à toute la branche.
Elle met aussi la pression sur la convention nationale du secteur principal de la construction qui devra être renouvelée dès l'an prochain. Sa renégociation donnera lieu à des graves affrontements, selon le syndicaliste.
Les arguments de la SSE contre sa section d'analyse des risques n'est qu'un prétexte pour ne pas négocier, a-t-il ajouté. Le syndicat exige le retour des patrons à la table des négociations.
La rupture des négociations n'est pas seulement due aux événements des dernières semaines. Les deux camps s'opposent depuis longtemps. La conclusion d'un accord sur l'actuelle convention nationale avait eu lieu en 2012, après des mois de tergiversations.
Désormais et avec son retrait de la table des discussions, la SSE estime qu'il n'est pas nécessaire d'augmenter les salaires pour 2015. Le renchérissement annuel déterminant est négatif et ne justifie aucun besoin de rattrapage, écrit-elle.
De plus, au cours des huit dernières années, les salaires effectifs ont augmenté de 6,1% en termes réels et sont les plus élevés des branches de l'artisanat disposant d'une CCT, ajoute l'organisation.
De son côté, Unia réclame une hausse d'environ 150 francs par mois pour tous les salariés, soit environ 2,5% de plus en termes réels. Le syndicat considère que le renchérissement des loyers et des primes des caisses maladie ainsi que la bonne santé de la branche justifient cette augmentation.
