Vendre sa maison, aux Etats-Unis, ne se résume plus à une simple petite annonce. Depuis quelques années, cet acte relève au contraire d’un subtil travail de mise en scène. Les murs sont repeints en blanc. Les linges et la literie, aussi de couleur neige, s’apparentent au décor d’un hôtel. Quant aux effets personnels du quotidien (brosse à dents, télévision, etc.), ils doivent disparaître. La scène est prête, place à la caméra. Son objectif? Présenter un logis chic et uniforme qui donne envie d’être acheté. «Il semblerait que les acquéreurs aiment se projeter dans une vie où ils passent leur temps à parler de politique et d’Aristote en regardant de gigantesques tableaux bon marché», raconte Joel Stein, chroniqueur au Time Magazine, qui s’est soumis à ce processus pour vendre sa maison. «Notre petite pièce sombre dotée d’une minuscule fenêtre s’est transformée en salle de projection, assortie d’une rangée de sièges de cinéma et de rideaux en velours rouge», poursuit-il. Si ce genre de mise en scène était autrefois réservé aux superriches, il est aujourd’hui devenu la norme. Une organisation, The Real Estate Staging Association, a même vu le jour. Elle compte plus de 1000 membres, tient une conférence annuelle à Las Vegas et propose des formations.
