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Taux d’intérêt négatifs: quand le dieu BNS chuchote aux oreilles des marchés

Jeudi, 18 Septembre, 2014 - 05:59

La Banque nationale suisse menace d’introduire des taux d’intérêt négatifs. Jusqu’ici avec succès. Mais s’il fallait vraiment passer à l’acte, ce serait une autre histoire.

Une banque centrale, notamment son gouverneur, ressemble à un dieu de l’Olympe. Les investisseurs, comme les disciples, scrutent ses moindres gestes qui dictent leur comportement. Tant qu’ils croient en lui, tout va bien. Mais si par malheur le doute s’installe, patatras! Sa crédibilité s’envole. Avec la Banque nationale suisse (BNS), la confiance semble solide. Il aura suffi, fin août dernier, que Thomas Moser, membre de sa direction générale, chuchote au Wall Street Journal que des taux d’intérêt négatifs frappant les avoirs en francs placés par les banques auprès de la BNS étaient «une option possible» pour que la devise helvétique perde immédiatement des plumes en regard de l’euro. En mai 2013, devant des journalistes réunis à Francfort, le président de la BNS, Thomas Jordan, n’avait déjà pas exclu un recours aux taux négatifs, tout en réaffirmant sa détermination à défendre le cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro imposé en 2011. Le marché a cru à cette menace. Les investisseurs étrangers ont zappé vers des devises un poil plus rémunératrices. Et le franc s’est refroidi. Ce petit jeu de dissuasion peut-il encore durer longtemps?

Dans un climat d’euro faible (il y a cinq ans, la devise européenne cotait 1,40 dollar contre seulement 1,29 aujourd’hui!), la BNS a sans doute raison de prévenir les candidats à la surchauffe du franc. Attention, suggère-t-elle, nous avons déjà pratiqué des taux d’intérêt négatifs en 1979. Ce n’est pas un tabou. D’autres banques centrales l’ont aussi mis en œuvre, comme celle de la Suède en juillet 2009 ou du Danemark en juillet 2012. Et en juin dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a fixé à -0,1% son taux de dépôt au jour le jour. Mais, contrairement à la BCE qui incite les banques à alimenter l’économie au lieu de se faire dorloter dans les comptes qu’elles détiennent dans leur banque centrale, la BNS n’a qu’un souci: empêcher coûte que coûte une flambée du franc.

Et si la menace était vraiment suivie d’effet? Comme le souligne Eric Jondeau, professeur à l’Institut de banque et finance de l’UNIL, les taux d’intérêt négatifs sont «une arme de dernier recours. Après son exécution, la BNS n’aurait plus de marge de manœuvre.» Le dieu de l’Olympe serait nu. Mais Dieu (le nôtre) soit loué, l’euro, que d’aucuns voyaient disparaître il y a deux ans dans la foulée de la crise grecque, est toujours bien là. Son petit frère le franc n’est donc pas esseulé au milieu des tempêtes.

Francois Savary, directeur des investissements à la banque Reyl, craint cependant que des taux d’intérêt négatifs ne rendent le crédit trop attrayant, ce qui entraînerait une vilaine bulle immobilière. Alors que, précisément, la BNS s’emploie à domestiquer le marché hypothécaire! Ce serait assurément contre-productif. Pas de panique, tempère Eric Jondeau. «L’économie suisse n’est pas en surchauffe. Il n’y aurait donc que peu de risque inflationniste que les taux bas pourraient alimenter.» Le dieu BNS peut encore se permettre quelque temps de chuchoter à l’oreille des investisseurs.

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